Enquête du détective privé : un devoir d’objectivité où l’opinion et l’émotion n’ont pas leur place

Si l’ère d’Internet nous apprend quelque chose, surtout depuis ces dernières années, c’est que la majorité des citoyens ne craint plus de partager ses opinions. Qu’il s’agisse de politique, de questions sociales ou d’écologie, les babillards électroniques et les réseaux sociaux offrent des plateformes où tout le monde peut faire connaitre son opinion sur tout, y compris sur n’importe quoi, pourvu qu’il y ait du style.

Et c’est dans l’ère du temps. La discrétion relèverait d’une autre époque. Pour montrer son adhésion à la conscience universelle, il faut désormais afficher que l’on appartient au camp du bien. Les Narcisses se filment aujourd’hui et diffusent leurs images sur les réseaux sociaux. Ne pas relayer l’information vous disqualifie.

Le détective privé est à rebours de ce type de comportement. Il respecte la complexité du réel et fuit le simplisme. Son rapport d’enquête n’est pas un recueil d’opinions personnelles mais un ensemble de faits constatés. Il rassemble les éléments d’enquêtes (photos, témoignages, attestations…)  susceptibles de défendre les intérêts de son client.

Il appartiendra ensuite aux seuls experts de porter d’éventuels jugements ou considérations sur les événements ou les personnes. Les hommes de loi se prononcent sur la culpabilité ou l’innocence. A l’inverse, les détectives privés clôturent leur rapport d’enquête par une synthèse et non par une conclusion. Question de style sans doute. Mais surtout question d’éthique. A chacun son métier. Le détective privé n’est pas là pour conclure.

Nous ne sommes ni juges, ni jurés, ni psychologues, ni devins.

Le détective privé est un chercheur de preuves.

Dans notre travail, nous pouvons être amenés à rédiger un rapport d’enquête sur la solvabilité d’un tiers, sur la garde d’un enfant suite à une décision de Justice ou plus simplement sur la réalité d’un sinistre à l’occasion d’une enquête d’assurance. Le rapport du détective privé peut être utilisé par un juge à l’occasion d’un procès, par un investisseur à l’occasion d’une opération commerciale ou par une entreprise dans le cadre d’une enquête pour concurrence déloyale.

Une des règles à respecter est donc de ne jamais présenter notre opinion.  Notre travail consiste à rassembler des informations, à les analyser et à rapporter les faits de manière claire et concise afin d’informer nos clients et de leur permettre de prendre des décisions en conséquence. La seule opinion qui compte est celle du client, pas la nôtre.

Aussi, dans un rapport d’enquête, le détective privé s’abstiendra-t-il de tout jugement de valeur.

Il peut confronter évidemment les propos d’un tiers avec les preuves accumulés par son enquête. Mais il ne parlera pas de mensonge ou de mauvaise foi. Tout au plus écrira-t-il que les éléments de langage présentés par tel ou tel « ne sont pas recevables », expression consacrée…

Bien sûr, si les clients veulent notre avis, nous leur fournissons des informations et un contexte. Mais nous leur laissons le soin d’ « en tirer toutes les conclusions », autre expression consacrée…

Soyons clairs : lorsque vous passez des heures à fouiller dans la vie d’une personne, vous vous faites inévitablement une opinion sur celle-ci. Et c’est humain. Mais vous n’êtes pas là pour juger. Un détective privé doit toujours garder à l’esprit que la frontière du bien et du mal passe au milieu de chacun d’entre nous. Donc la prudence s’impose face aux travers pouvant être constatés sur autrui…