A quelques mètres du musée du Louvre, un 24 octobre à Paris, au cours d’une mission de surveillance et filature pour le compte d’un client. Appuyé sur un réverbère, tout en jetant quelques regards furtifs autour de moi dans l’espoir d’une sortie inespérée de ma cible, j’observais du coin de l’œil une manifestation d’une centaine de mécontents.
Quand vous êtes détective privé et que vous devez rester toute une journée dehors à surveiller, vous pouvez passer le plus clair de votre temps à constater, tel un laborantin disséquant une souris, les comportements urbains de vos semblables.
Et ce jour-là, les cobayes étaient d’une espèce très particulière.
Ils avaient pour la plupart entre 50 et 60 ans, de l’embonpoint, un style vestimentaire plutôt passe-muraille et les traits du visage marqués par les excès d’une boisson qui n’était sans doute pas de l’eau minérale. Le sourire uniformément triste, ils discutaient entre eux sans l’air de trop y croire. Je crus au départ à des chasseurs mais en voyant les drapeaux rouges agités par quelques-uns, je compris que la nostalgie était plus faucille et marteau que produits du terroir.
Mes voisins d’infortune avaient embarqué une énorme enceinte crachant à tue-tête les imprécations d’un chanteur engagé : « Les patrons c’est comme les cochons. Ça ne mérite que la pendaison ! » Répétée des dizaines de fois sur un ton des plus sérieux, j’ai fini par me sentir un tout petit peu concerné, étant moi-même chef d’entreprise depuis la création de ma société d’enquêtes privées en 2020. Il y a environ 1000 détectives privés en France dont la plupart sont à leur compte. J’ai fait mon calcul partant du principe que l’exécution précédait la mise en barquette. S’il fallait mettre en pratique leur programme, le stock de saucisses aurait été assez considérable.
Les camarades syndiqués sont repartis sans être inquiétés. Toujours heureux de bénéficier de financements publics mais probablement déçus de n’avoir éliminé personne, ils ont répandu sur la place plusieurs tonnes de papier broyé avant de quitter définitivement les lieux, laissant au service de la Ville le soin de ramasser leurs poubelles.
En fin de journée, je me retrouve dans le métro, décidé à poursuivre mon enquête à une autre adresse. Au-dessus du quai, un panneau lumineux de la RATP annonce solennellement : « Attentifs, ensemble ● Signaler à nos agents tout objet abandonné ou situation inhabituelle. »
Cette annonce m’a rassuré car une personne vivant apparemment à la rue se trouvait à quelques mètres dans une situation déplorable. Elle ne répondait heureusement à aucun critère de signalement, n’étant ni un objet et ne relevant pas davantage d’une situation inhabituelle. La RATP, bonne mère, prenait soin de ménager ma zone de confort : même un détective a le droit de fermer tranquillement les yeux sur le réel…
Une station plus loin, en revanche, j’ai cru assister à une pièce de théâtre ou à un film humoristique tourné en caméra cachée pour la pause-café des ingénieurs de la Silicon Valley. Sur le quai, quinze emplois fictifs en gilet orange annonçaient aux voyageurs pressés : « Attention à la fermeture des portes ! » Et justement, avant chaque départ, en forte affluence ou qu’il n’y ait personne, je les voyais étendre leurs bras en croix comme pour empêcher tout mouvement susceptible d’inverser le cours de l’histoire.
Dans l’hypothèse où Matignon cherchait encore des solutions pour faire des économies budgétaires, je me suis dit en terminant ma journée d’enquêteur privé que j’avais pour ma part quelques idées à proposer…
Cabinet Raspail – Détective privé présent à Paris et Angers. Enquête sur toute la France.
Domaines d’intervention : fraude à l’assurance, recherche de personne, enquête de solvabilité, escroquerie, enquête de moralité, enquête familiale, déloyauté du salarié etc. Filature et surveillance sur tout dossier dont la légitimité est avérée.